Au Plantivore, la cueillette sauvage est une passion partagée. Mais on sait aussi que prélever, même avec respect, peut fragiliser les écosystèmes. Depuis 2022, l’intensification de ces pratiques professionnelles ou amateurs soulève des tensions : réseaux agricoles, réglementation, fragilité des habitats… Le monde agricole n’est pas toujours prêt à accueillir ceux qui cueillent gratuitement sur leurs terres — et on comprend pourquoi.
C’est face à ce constat qu’est né notre projet : offrir plutôt que prendre. En plantant des haies composées de cynorrhodon, épine vinette, prune de Briançon (Affouat, Affatoule), argousier, sureau, on rétablit un équilibre : refuge pour la biodiversité, habitat pour les pollinisateurs, protection du sol et des cultures, lutte contre la sécheresse, capture du carbone…
Nous avons commencé concrètement en plantant 400 m de sureau à l’automne dernier sur le domaine Tresbaudon à Tallard — un apport d’ombre et de vie, déjà bien apprécié par les mésanges.
En parallèle, grâce à une collaboration avec les Jardins du Lautaret, nous intégrons des plants issus d’espèces endémiques locales, respectueuses des terroirs. Cette filière vertueuse se prolonge jusqu’aux déchets : une partie de nos récoltes est transformée en huiles pour la cosmétique, notamment via l’huilerie des Alpes, pour valoriser jusqu’aux pépins.
Nous sommes de plus en plus nombreux à cueillir, souvent avec de bonnes intentions… mais sans toujours mesurer l’impact de nos gestes. À force de prélever sans compenser, on déséquilibre. C’est pourquoi, au lieu de simplement “se servir”, nous avons choisi d’apporter.
Le Pacte en faveur de la haie s’est imposé comme une évidence. Il nous permet non seulement de restaurer les équilibres écologiques, mais aussi d’imaginer un modèle plus large :
Des haies nourricières pour les humains comme pour les oiseaux,
Des espèces adaptées au climat et au territoire,
Des compléments de revenus agricoles, via la cueillette ou la transformation,
Une filière cosmétique locale, où même les déchets ont une seconde vie.
Et si ce modèle fonctionne ici, dans le Queyras, pourquoi ne pas le dupliquer ailleurs ? D’autres régions, d’autres haies, d’autres projets… mais toujours la même idée : réconcilier les humains avec les plantes, autrement.
Biodiversité restaurée : les haies sont des corridors pour les oiseaux, insectes, petits mammifères ; elles stabilisent les sols et maintiennent l’eau.
Rôle agronomique : elles brisent les vents, limitent l’érosion, stockent du carbone, et protègent les cultures.
Impact local : notre plantation rend ombre, biodiversité, fleurs et fruits — un petit écosystème dans la vallée.
Parce qu’on peut cueillir, mais on peut aussi replanter. Et parfois, c’est ce qu’on plante qui raconte le mieux ce qu’on veut laisser derrière nous.